Dans un grand entretien qu’il a accordé à la rédaction de Mosaiqueguinee.com, le président du parti PJDG (Parti des Jeunes pour le Développement de la Guinée) s’est exprimé sur différents sujets de l’heure. De la dernière sortie du premier ministre Bah Oury sur le glissement du délai de la transition au manque d’électricité dans les ménages en passant par la menace de l’organisation de manifestations de l’ANAD pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel avant le 31 décembre 2024, Mamady IB Kourouma répond plus honnêtement à nos questions. Depuis l’Etranger où il séjourne, le leader IB Kourouma est interrogé par Mohamed Bangoura, le directeur de publication de Mosaiqueguinee.com.
Mosaiqueguinee.com : Bonjour Mamady IB Kourouma. Que vous inspire les propos du premier ministre Bah Oury selon lesquels le délai de la transition tel que conclu avec la CEDEAO ne sera pas respecté ?
Mamady IB Kourouma (Président PJDG) : Nous (PJDG), vous remercions de nous avoir donné l’occasion de nous exprimer sur l’actualité de notre Pays à travers ma personne. En revenant à notre question, comme tout guinéen et guinéenne, nous avons suivi avec intérêt les déclarations de M le premier ministre. Il faut le reconnaître son mérite de s’être prononcé sur le sujet, même si cela était devenu un secret de polichinelle dans la cité. Le 1er mai dernier à Conakry, lors de notre rencontre avec la presse, nous nous sommes prononcés sur ce sujet. En ce qui nous concerne, la date annoncée n’est pas tenable pour des élections crédibles, pour la simple raison que nous manquons de visibilité claire sur les points du chronogramme de transition et il est quasi impossible de les mettre en place dans les 6 mois à venir…Dire cela ne fait pas de nous, pro ou contre la transition ! Nous restons et demeurons fidèles à nos idéaux. Pour reprendre une citation de Winston Churchill : “Une nation qui oublie son passé n’a pas d’avenir.” Nous avons connu plusieurs transitions dans ce pays, malheureusement les fondements n’ont pas été bien solides raison pour laquelle nous y replongeons à chaque fois. Nous devons apprendre de nos erreurs du passé et poser les bases solides et indéniables d’un retour à l’ordre constitutionnel pérenne. Dès à présent, nous demandons au 1er Ministre de dérouler un calendrier, point par point de la mise en place effective du chronogramme de la transition, cette démarche doit être inclusive (partis politique, syndicat, société civile, patronat…)
Quel est votre regard sur le déroulement de la transition guinéenne ? Est-elle sur la bonne voie ?
Il y a eu des erreurs de jugement et de priorités dans la transition. Une transition a pour mission primordiale la mise en place des fondements pour le retour à un ordre constitutionnel. Des gens se sont égarés ou n’ont pas priorisé cette mission. Il est encore temps de se remettre dans le bon sens à savoir mettre tout en œuvre pour le déroulement du chronogramme de la transition
L’ANAD menace d’organiser les manifestations dans les rues en cas de refus du CNRD de rendre le pouvoir avant le 31 décembre 2024 et d’exiger la mise en place d’une transition civile. Que pensez-vous de cette déclaration de la coalition dirigée par Cellou Dalein Diallo ?
Nous avons suivi avec attention les différentes déclarations et prises de positions, ceci enrichit le débat politique… Le PJDG n’appellera pas à une manifestation, car les manifestations engendrent malheureusement des pertes de vies guinéennes et pour nous la vie est sacrée ! Ceci est un fait en Guinée ! Même si les auteurs sont amenés devant la justice, les familles resteront endeuillées par la perte d’un proche. Nous voulons apporter la joie, la gaieté en Guinée et non des pleurs et des larmes..
Quelle piste de solution proposez-vous pour dissiper la crise politique ?
Notre piste de solution est le dialogue national inclusif sur les points ci-dessous:
1- un calendrier de mise en place du chronogramme de la transition pour l’organisation d’élections présidentielles maximum dans 18 mois.
2- Mise en place d’un gouvernement d’union nationale au 1er janvier 2025.
Quel regard portez-vous sur l’économie guinéenne depuis le coup d’État du 05 septembre 2021 ?
Pour être sérieux, nous n’avons pas d’attente sur les questions économiques d’un régime de transition. Nous jugeons ce régime sur sa capacité à mettre en place des fondements pour aller vers les élections libres démocratiques et inclusives, à l’issue desquelles un régime démocratique travaillera sur les questions économiques. Malheureusement, les priorités ont été inversées par conséquent aucun secteur ne sort du lot …
Le premier ministre annonce au titre des réformes la suppression de près de 200 EPA pour rationaliser les ressources. Quelle est votre analyse ?
Ceci est une bonne chose, pour rappel dans notre programme de société dont nous avons exposé quelques lignes le 1er mai dernier, nous mentionnons la nécessité des baisses du train de vie de l’État (Président, ministres, directeur EPA…). Il faut que les ressources engendrées suite à ces suppressions, se ressentent au niveau du paysan, du citadin, du Guinéen lambda… Encore une fois, ces questions trouveront intérêt au sein d’un gouvernement démocratiquement élu !
La Guinée est durement éprouvée par un manque d’électricité depuis plusieurs mois. Quelle solution préconisez-vous ?
Ceci nous amène à se poser la question, si la Guinée est toujours le château d’eau de l’Afrique de l’ouest ? Comment un pays comme le Sénégal, qui n’est pas un château d’eau, arrive à se fournir en électricité ? Il va falloir aller vers d’autres sources de production d’électricité : les panneaux solaires et également favoriser les échanges dans la sous-région avec des pays qui ont dépassé ce problème notamment le Sénégal. Sans électricité, il ne peut y avoir de développement d’où l’importance de ce secteur.
Quel message avez-vous à transmettre aux Guinéens ?
Nous demandons à tout Guinéen et Guinéenne où il se trouve de rejoindre le parti des Jeunes pour le Développement de la Guinée.
Ce parti une fois au pouvoir offrira à chaque jeune diplômé ou non une solution sur mesure (entreprenariat, apprentissage, formation, stage, emploi …). A chaque village de la Guinée, un paquet minimum vital de développement inclusif. Un village : une école, un centre de santé, une source d’accès d’eau potable, une source d’accès à l’énergie solaire, une unité de transformation de produits locaux et d’évacuation de ces produits sur les marchés.
Mosaiqueguinee.com : Merci à vous M. le Président du PJDG
Mamady IB Kourouma : c’est à moi de vous remercier.